
L’histoire du C919 de COMAC
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Pendant des décennies, le ciel de l’aviation commerciale a été dominé par deux géants : Airbus et Boeing. Mais en coulisse, un nouvel acteur s’est discrètement préparé à entrer en scène. Son nom ? COMAC. Et son arme de choix ? Le C919, un avion moyen-courrier conçu pour bousculer l’ordre établi. Ce projet, lancé par la Chine au nom de la souveraineté industrielle, représente bien plus qu’un simple appareil : c’est un symbole d’indépendance technologique et d’ambition mondiale.
Plongeons ensemble dans l’histoire fascinante de ce programme aéronautique qui pourrait bien redessiner les cartes de l’aviation civile.
Les origines du C919 : un besoin d’indépendance aéronautique
Le contexte géopolitique et industriel en Chine
Depuis le début des années 2000, la Chine affiche clairement sa volonté de devenir un acteur de premier plan dans les secteurs stratégiques. L’aviation civile en fait partie. Dépendre des avions étrangers pour transporter des millions de passagers chaque année n’était plus acceptable pour un pays en pleine montée en puissance.
Pourquoi la Chine voulait son propre avion de ligne ?
La flotte aérienne chinoise repose en grande majorité sur des modèles produits par Airbus ou Boeing. Or, cela représente à la fois une dépendance industrielle, un risque géopolitique et un manque à gagner économique colossal. Créer un avion 100 % « made in China » devenait donc une priorité nationale.
La création de COMAC : ambitions et soutiens étatiques
C’est dans ce contexte qu’est née COMAC (Commercial Aircraft Corporation of China) en 2008. Soutenue par l’État chinois et plusieurs grandes entreprises publiques, COMAC a immédiatement reçu pour mission de concevoir un avion civil capable de concurrencer les références mondiales : l’A320 d’Airbus et le 737 de Boeing.
Le développement du C919 : un projet ambitieux et semé d’embûches
Les débuts du programme en 2008
Le lancement officiel du programme C919 intervient en mai 2008. L’objectif affiché est clair : créer un avion de 150 à 170 places, optimisé pour les liaisons intérieures et régionales, qui viendra directement concurrencer les modèles les plus vendus du marché.
Défis techniques et dépendance aux technologies occidentales
Même si l’ambition était de produire un avion « chinois », la réalité technique a vite rattrapé les ingénieurs de COMAC. De nombreux composants – moteurs, avionique, systèmes de contrôle – étaient encore importés de l’étranger. Le moteur Leap-1C, par exemple, est co-développé par General Electric et Safran.
Retards et difficultés rencontrés
Comme souvent dans les grands programmes aéronautiques, les retards se sont accumulés. Prévu initialement pour voler dès 2014, le C919 n’effectuera finalement son premier vol qu’en 2017. Entre-temps, de nombreux tests, ajustements et révisions ont été nécessaires pour répondre aux standards de sécurité internationaux.
Le premier vol du C919 : une étape symbolique
Le vol inaugural en 2017
Le 5 mai 2017, le C919 décolle pour la première fois depuis l’aéroport de Shanghai-Pudong. Ce vol d’environ 80 minutes marque une étape cruciale. Le prototype se comporte comme prévu, et l’événement est largement relayé dans les médias chinois et internationaux.
Réactions internationales et couverture médiatique
Si les médias occidentaux ont salué la prouesse technique, ils sont restés prudents quant aux ambitions du programme. Beaucoup y ont vu un symbole fort, mais encore loin d’une menace réelle pour Airbus ou Boeing à court terme.
Certification et processus de validation
Obtenir une certification de navigabilité est un processus long et complexe. Le C919 a été certifié par l’aviation civile chinoise (CAAC) en 2022. Mais pour voler en dehors de la Chine, il devra également obtenir les certifications de l’EASA (Europe) et de la FAA (États-Unis), un processus encore en cours.
Les caractéristiques techniques du C919
Capacité, performances, motorisation
Le C919 peut accueillir entre 158 et 174 passagers selon la configuration choisie. Il affiche une autonomie d’environ 4 075 à 5 555 kilomètres. Côté propulsion, il est équipé de moteurs Leap-1C, comparables à ceux utilisés sur les A320neo.
Comparaison avec l’Airbus A320neo et le Boeing 737 MAX
Sur le papier, le C919 propose des performances très similaires à ses rivaux. En revanche, ces derniers bénéficient d’années d’expérience, de réseaux de maintenance rodés et d’une fiabilité déjà éprouvée en exploitation. Le C919 devra prouver qu’il peut suivre le même chemin.
Points forts et limites de l’appareil
Parmi les points forts, on peut citer un cockpit moderne, un fuselage en aluminium dernière génération, et des coûts potentiellement inférieurs à l’achat. Mais le manque de recul en termes d’exploitation et la dépendance partielle à des technologies étrangères restent des défis majeurs.
Les enjeux stratégiques et économiques du C919
Le C919, symbole de souveraineté industrielle
Au-delà de l’aviation, le C919 incarne une volonté politique forte : celle de ne plus dépendre des puissances occidentales pour les technologies de pointe. Il symbolise une Chine plus autonome, plus innovante, et plus ambitieuse.
Objectifs de marché de COMAC
COMAC ne vise pas uniquement le marché intérieur (même s’il est immense). L’entreprise espère à terme exporter son avion en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient, voire en Europe. Son objectif est de capter environ 10 % du marché mondial des avions moyen-courriers d’ici 2040.
Concurrence avec Airbus et Boeing
Pour l’instant, COMAC n’a pas encore atteint un niveau de concurrence directe. Mais si la qualité, la fiabilité et le service après-vente suivent, il n’est pas exclu que le C919 vienne bousculer les duopoles traditionnels dans certaines régions du monde.
Les premières livraisons et la commercialisation
China Eastern Airlines : premier client officiel
En décembre 2022, China Eastern Airlines devient la première compagnie à recevoir un C919. Ce premier exemplaire marque le début d’une phase d’exploitation en conditions réelles.
Plans de production et commandes en attente
Plus de 1 000 commandes ont déjà été enregistrées, majoritairement de la part de compagnies chinoises. La cadence de production reste encore modeste, mais devrait s’accélérer dans les années à venir, avec un objectif de 150 avions produits par an.
Déploiement progressif dans le ciel chinois
Le C919 est aujourd’hui visible sur certaines lignes domestiques chinoises, en particulier entre les grandes métropoles. Ce déploiement progressif permet à COMAC de recueillir des retours d’expérience essentiels pour améliorer le programme.
Le futur du C919 : quels défis pour l’avion chinois ?
La montée en puissance de la chaîne d’approvisionnement locale
L’un des objectifs à long terme est de localiser la production au maximum. Cela implique de développer une industrie aéronautique complète, capable de produire moteurs, systèmes électroniques, et composants critiques en Chine.
L’enjeu des exportations et de la certification internationale
Pour s’imposer sur le marché mondial, le C919 devra convaincre les autorités de régulation, mais aussi les compagnies aériennes. Cela demandera du temps, de la transparence, et une constance irréprochable dans la qualité.
Les ambitions de COMAC pour concurrencer à l’échelle mondiale
Au-delà du C919, COMAC travaille déjà sur d’autres projets comme le CR929, un long-courrier en partenariat avec la Russie. Si ces ambitions se concrétisent, la Chine pourrait bien devenir, d’ici 20 à 30 ans, le troisième grand pilier de l’aviation commerciale mondiale.
Découvrez la maquette du C919
Conclusion
Le C919 n’est pas qu’un avion. Il est le fruit d’une vision, d’un besoin de souveraineté, et d’une volonté de s’imposer sur un marché dominé par deux géants historiques. Malgré les défis techniques, les retards et les critiques, COMAC a réussi à faire voler son rêve.
L’histoire du C919 ne fait que commencer, mais une chose est certaine : l’aviation mondiale devra désormais compter avec un nouvel acteur.
Retrouvez une vidéo sur le premier vol du C919 :
FAQ : on répond à toutes vos questions
Qu’est-ce que le C919 de COMAC ?
C’est un avion moyen-courrier développé par la Chine pour concurrencer les Airbus A320 et Boeing 737.
Le C919 est-il 100 % chinois ?
Pas encore. Certains composants clés viennent encore d’Occident, mais la Chine travaille à les remplacer par des alternatives locales.
Quand le C919 a-t-il effectué son premier vol commercial ?
Son premier vol commercial a eu lieu en mai 2023 avec China Eastern Airlines.
Est-il aussi performant que l’A320 ou le 737 MAX ?
Sur le papier, les performances sont similaires. Mais il lui reste à prouver sa fiabilité à grande échelle.
Le C919 sera-t-il vendu hors de Chine ?
C’est l’objectif à moyen terme de COMAC, une fois les certifications internationales obtenues.